APOLLON ET DAPHNÉ
RÉSUMÉ DU MYTHE
Le premier amour du dieu Apollon a été le fruit de la colère de Cupidon. Apollon s’est moqué de lui en lui disant qu’il n’était pas assez viril pour porter un arc et qu’il était encore un enfant. Le fils de Vénus a décidé de se venger. Il avait deux flèches: une flèche d’or qui produisait l’amour et une flèche de plomb qui faisait fuir l’amour. Alors, il a blessé la nymphe Daphné, fille du fleuve Pénée, avec la flèche de plomb et Apollon avec la flèche d’or.
Apollon est tombé tout de suite amoureux de Daphné, il la désirait et il la poursuivait. Elle, toutefois, a fui rapidement en ignorant les suppliques de son prétendant. Quand Daphné a vu qu'Apollon va lui attraper, elle a demandé à son père de l’aide pour l’éviter. Son père Pénée, un dieu fleuve de Thessalie, a transformé son corps en un arbre. Encore amoureux, Apollon a fait du laurier dans lequel elle s’est transformée, son propre arbre.
RECRÉATIONS
Combien de fois avons-nous désiré une chose irréalisable ? Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour atteindre nos objectifs égoïstes et idéalistes ? La nature humaine est généralement ingrate, et peut-être pour cette laideur véritable qui nous effraie et nous attire à la fois, beaucoup d’artistes ont choisi de recréer ce mythe.
RECRÉATIONS DANS LA MUSIQUE
Apollo and Daphne - Núria Duran
La chanteuse barcelonaise Núria Duran, dans sa chanson Apollon et Daphné, nous explique l’histoire de ces deux personnages aussi bien du point de vue d’Apollon, un homme qui désire une femme de tout son cœur, que de Daphné, une femme qui se sent persécutée et qui seulement veut s’enfuir d’un homme qui refuse de l’écouter.
Même s’ils disent que cela n’est pas si réel
Je te suivrai n'importe où tu décides d’aller
Ici, Núria nous montre le point de vue d’Apollon. Il est conscient que Daphné croit que leur amour n’est pas réel, mais cela ne le dérange pas du tout. Il y a un parallélisme évident entre le deuxième de ces versets, où elle chante la phrase Je te suivrai n'importe où tu décides d’aller, et la persécution qui a lieu dans le mythe original.
Deux petits amoureux sous un arbre
Il est connu que la persécution d’Apollon vers Daphné se produit dans les bois, c’est-à-dire, sous les arbres. Ce vers fait référence à la phrase populaire que les enfants utilisent pour se moquer des couples amoureux : “Two little lovers sitting in a tree”.
Non, s’il te plaît, non
Maintenant, tu es tout ce que je peux voir
Parce que notre amour n’est pas si bon
Je ne crains pas de te le faire savoir
Mais même si je te dis que cela n’est pas si réel
Ici nous avons le point de vue de Daphné. La chanteuse commence la description des sentiments de Daphné avec ses suppliques désespérées quand elle dit : “Non, s’il te plaît, non”. Elle lui implore de la laisser tranquille, mais il refuse d’écouter. Quand Núria chante “Maintenant, tu es tout ce que je peux voir”, elle est en train de faire référence au moment où elle devient un laurier et Apollon le prend comme son propre arbre, en la portant partout avec lui. Il l’oblige à l’accompagner pour l’éternité.
Comme j'aimerais que tu puisses me sauver
Je n'ai rien fait de mal
Dans ces deux verses, l’auteure nous chante les supplications avec lesquelles Daphné a imploré son père de la sauver en la transformant en un arbre. Elle est impuissante, elle sait que cela n’est pas sa faute, mais elle doit s’échapper de cette situation.
Cette laisse stupide
Ces branches stupides
Ce rondin stupide
Je vais me laisser partir
L’interlude de la chanson illustre la transformation de Daphné en un laurier. Elle déteste les branches dans lesquelles ses bras sont en train de devenir et elle déteste le rondin dans lequel son corps est en train de se transformer : à ses yeux, tout cela sont des chaînes, des chaînes qui l'attachent à un homme qu’elle hait. Cependant, c'est l’unique moyen d'arrêter la persécution et de se sauver.
Un petit amoureux sous un arbre
Núria décide de finir la chanson avec cette phrase. Elle a beaucoup de signification parce qu’il s’agit d’une référence à la phrase qu’elle avait chanté antérieurement, quand elle avait dit : “Deux petits amoureux sous un arbre”. Il n’y a plus de deux amoureux : Daphné est devenue un laurier et il ne reste qu’Apollon, un homme amoureux qui est seul sous l’arbre dans lequel Daphné s’est transformée.
Apollo e Dafne - Georg Friedrich Händel
Apollo e Dafne, également connu sous le nom de La terra è liberata, est une cantate profane du compositeur prussien Händel en 1710. La cantate narre au pied de la lettre le mythe d’Ovide, mais contrairement au mythe original, où figure Cupidon, dans cette œuvre il y a seulement deux personnages qui chantent : Apollon, interprété par une basse, et Daphné, interprétée par une soprano. Elle avait une durée de 40 minutes.
Apollon :
Jette l’arc et lance les armes
Dieu du loisir et du plaisir. Tu ne pourras jamais me blesser, déité fainéante et archer aveugle?
Dans ces vers, nous pouvons écouter les moqueries qu’Apollon dirige à Cupidon. Il le ridiculise en lui disant qu’il est incapable de lui faire du mal. De plus, Apollon insulte Cupidon car il trouve qu’il est flemmard et qu’il fait terriblement son travail.
Apollon :
Quelle voix, quelle beauté !
Ce son, cette vue pénètre dans mon cœur. Nymphe !
C’est le moment où, grâce aux flèches de Cupidon, Apollon tombe amoureux de Daphné et ses nombreux attributs. Elle entre rapidement dans son cœur.
Apollon : Quelle cruauté !
Daphné : Quel dommage !
Apollon : Je cherche la fin de mes maux
Daphné : Et je le l’évite
Apollon : Mon amour pour toi me consume
Daphné : Ma rage enverse toi me consume
Apollon : Cède à l’amour ou tu ressentiras ma colère
Daphné : Dans mon sang, ta flamme se dissipe
Apollon : Oh ! Arrête tes fureurs, ma douce
Daphné : Plutôt mourir que perdre mon honneur
Apollon : Je t’adorerai toujours
Daphné : Tu m’ennuieras toujours
Apollon : Tu ne t'échapperas pas
Daphné : Oui, je te fuirai
Apollon : Je te suivrai, je courrai. Je volerai après tes pas : tu ne peux pas être plus vite que le soleil
Pendant la plupart de la cantate, Apollon et Daphné se disputent à cause de leurs différences. Il est tombé amoureux d’elle à cause de la flèche d’or, mais Daphné le déteste, le rejette et l’évite. Apollon ne se rend pas, toutefois, et il jure de la suivre n’importe où.
Apollon :
Chère plante, j’arroserai ta verdure avec mes pleurs; je couronnerai des grands héros avec tes bouquets triomphants. Si je ne peux pas t’avoir, Daphné, au moins, je te porterai au-dessus de ma tête.
Ces verses révèlent le moment final du mythe, quand Daphné s’est déjà transformée en un laurier. Après cette transformation, Apollon décide de faire du laurier sa plante et l’utiliser pour couronner héros et la porter avec lui.
Daphne and Apollo - Nerina Pallot
Dans la chanson Daphne and Apollo, Nerina Pallot déplore sa vie amoureuse. Elle utilise le mythe duquel nous sommes en train de parler pour illustrer ses sentiments, pour mettre des images à ses lamentations. Elle regrette le désamour qu’elle ressent à cause du départ d’un garçon qu’elle aimait et elle souhaite son retour à sa vie, mais il le ne fait pas d'effort pour contacter avec elle.
Alors, pourquoi je ne peux pas me faire un arbre?
Pourquoi je dois brûler jour après jour et nuit après nuit
Quand personne n’est en train de courir - eh bien, pas après moi
La chanteuse désire devenir un arbre pour fuir ses sentiments douloureux, ceux qu’elle a constamment et desquels elle ne peut pas se défaire. Elle est consciente que personne n’est intéressé par elle et elle le regrette terriblement.
Oh Daphné était stupide! Oh, comment a-t-elle pu faire cela?
Comment elle s’est détournée de son prince?
Dans ces versets, Nerina montre son incompréhension envers les actes de Daphné. La chanteuse est en train de se remettre d'une rupture, alors, elle ne comprend pas comment une personne pourrait rejeter un dieu. Elle a très envie d’avoir quelqu’un qui se batte pour elle, quelqu’un qui la suivrait jusqu’au bout du monde.
POINTS COMMUNS ENTRE LES RECRÉATIONS DANS LA MUSIQUE
Dans toutes les recréations, nous voyons excellemment les deux points de vue d’Apollon et Daphné. Apollon est un jeune amoureux qui ne peut pas contrôler son désir même s’il accable la femme qu’il aime, et Daphné est une victime du harcèlement d’Apollon et elle veut juste se libérer de cette compression.
La dernière chanson, Daphne and Apollo de Nerina Pallot, est la seule chanson qui reproche à Daphné son attitude et son rejet, mais uniquement parce qu’elle est en train de souffrir et, en conséquence, elle est capable de sympathiser avec Apollon.
RECRÉATIONS DANS LES FILMS
Apollon, Daphné et l'obscurité (2015)
Titre : Apollo, Daphne and darkness
Réalisation : Martina Mrazova
Durée : 5 minutes
Pays d’origine : République Tchèque
Genre : Court-métrage d’animation
Sortie : 2015
Le court-métrage Apollon, Daphne and darkness explore la relation entre une femme et un homme qui est inévitablement altéré par le dieu Eros. C’est un film qui parle du désir, de la passion et de l’agressivité.
Dans cette histoire, nous pouvons observer, en raison de l’envie d’Éros, comme un homme sent un désir sexuel excessif envers une femme nue qu’il retrouve. En conséquence, il devient un loup violent qui décide de la tripoter et la violer sans pitié.
Finalement, Daphné tombe dans une tristesse douloureuse et elle se transforme en un arbre au milieu d’un fleuve où elle est enfin en sécurité.
Apollon et Daphné (2011)
Titre : Apollon und Daphne
Réalisation : Thomas Müller
Musique : Andrew Osano
Durée : 4 minutes
Pays d’origine : Allemagne
Genre : Court-métrage d’animation
Sortie : 2011
Apollon et Daphné est un court-métrage qui narre le mythe classique à travers de 650 dessins faits avec de la peinture acrylique.
Il n’y a aucune différence entre l’histoire d’Ovide et ce film, mais le réalisateur a décidé d’omettre les scènes préalables au moment où Cupidon tire sur Apollon et Daphné, quand lui et Apollon se disputent.
La transformation de Daphné arrive aussi d’une manière différente : elle ne demande pas de l’aide à son père, mais sa peau devient l'écorce d'un arbre quand Apollon la touche sans consentement.
POINTS COMMUNS ENTRE LES RECRÉATIONS DANS LES FILMS
Le mythe d’Apollon et Daphné n’a pas été très amené sur le grand écran, étant donné qu’il n'y a que courts-métrages en tant qu’adaptations audiovisuelles. Cependant, peut-être pour cette raison, les films sont très fidèles au mythe original.
La première adaptation cinématographique que nous avons vu, Apollo, Daphne and darkness, utilise le mythe pour jeter de la lumière sur un problème actuel comme celui du viol.
RECRÉATIONS DANS LA LITTÉRATURE
Sonnet XIII : Apollon et Daphné de Garcilaso de la Vega
A Dafne ya los brazos le crecían
y en luengos ramos vueltos se mostraban;
en verdes hojas vi que se tornaban
los cabellos que el oro escurecían;
De áspera corteza se cubrían
los tiernos miembros que aun bullendo estaban;
los blancos pies en tierra hincaban
y en torcidas raíces se volvían.
Aquel que fue la causa de tal daño,
a fuerza de llorar, crecer hacía
este árbol, que con lágrimas regaba.
¡Oh miserable estado, oh mal tamaño,
que con llorarla crezca cada día
la causa y la razón por que lloraba!
Ce poème, énormément connu en Espagne, est un sonnet écrit par Garcilaso de la Vega (1501-1536). Il reproduit le moment où Daphné commence à se transformer en un laurier. De la Vega montre parfaitement les changements qui se produisent dans elle, comme son corps commence à devenir des branches et de la croûte. Apollon, désespéré, arrose avec ses larmes l’arbre dans lequel Daphné s’est transformée.
RECRÉATIONS DANS L'ART
POINTS COMMUNS ENTRE LES RECRÉATIONS DANS L'ART
Il y a une répétition évidente de la scène où Apollon tente d'attraper Daphné, qui est déjà en train de devenir un laurier, avec les bras en forme de branches et les pieds convertis en racines. Dans une peinture, Apollo e Dafne de Jean-Étienne Liotard, nous avons trouvé une autre figure : le père de Daphné, Pénée.
En plus, la nature est un élément très récurrent dans les adaptations de ce mythe, car les artistes ont décidé de représenter ces personnages dans des cadres idylliques : des rivières calmes, des arbres touffus, des champs verts, de fleurs colorées, etc.